Dans cette rubrique, des textes attendant des compositeurs, des interprètes, des conteurs .... ou simple lecteur
Assis sur le banc:
C'est toujours après que tu sais
Le poids de l'air dans ta mémoire
Le bruit tel un printemps qui nait
Incertain puis condamnatoire,
C'est toujours après que tu sens
Les veines prises dans l'humus
Ton corps comme un jaillissement
Et le goût des montagnes russes.
C'est toujours après que s'entend
L'ascension de l'ultime plainte
Indélébile jusqu'au sang
Dans la dernière aube défunte,
C'est toujours après que s'écrient
Ton coeur qui voulait toujours plus
Et les mots ne trouvant l'oubli
Dans l'odeur des montagnes russes.
C'est toujours après que tu rends
Le trop plein de ton lac intime
La profondeur sourde du temps
touchée à la pointe des cimes
C'est toujours après que tu serres
Les dents de scies dans les tons crus
Et tes poings conservant la terre
Aux couleurs des montagnes russes.
Il fait des ricochets
Il grêle des églises
J'entends chaque reflet
toucher ma marie-louise,
Il inspire et rejette
Des morceaux de cantiques
Et ma tête répète
Un bonheur algorithme.
Il fait des ricochets
Il lance et tambourine
un air que je devine
Impalpable et abstrait,
Il fuse à ma surface
Il glisse et me répand
Sur les cercles où il passe
Sur les cerques où je pense
Il fait des ricochets
Percute ma mémoire
Il joue comme je sais
Il sait sans rien en voir,
Il trace chamanique
De béants ronds dans l'eau
Et mon corps en sursaut
Lui donne la réplique.
Il fait des ricochets
Quand soudain l'heure est vive
D'empressement de vivre
Du silence défait,
Il fait des ricochets
Et je tape du pied
Pendant que je me tais
En l'écoutant chanter.
Sois belle et tais toi, mon cœur
De toute rondeur acajou
Dans l'amertume et la tiédeur
Du beurre noirci contre tes joues,
Ta peau s'habille de couleurs
Et tu rejoues en noir et blanc
Le solo de ton film d'honneur
Connu sur le bout de tes dents.
Sois belle et tais toi, mon ange
Retiens ta bouche entre tes mains
Quand le bruit de la pluie dérange
Les gens dans leur calme matin...
Tous les maux du siècle se mangent
Du bout des lèvres, comme le pain
La voix te pique et te démange
Quand c'est la sienne qui a faim.
Sois belle et tais toi, ma belle
Jusqu'au bout du moindre cheveu
Tiré ainsi que la bretelle
De ton corsage douloureux,
Le son et le goût se mélangent
Lorsque tu bois la révérence
De ses doigts contre tes phalanges
De ses mains cherchant ta béance
Sois belle et tais toi, ma douce
Même si jamais ne repousse
Le temps battu, la peau fanée
A la couleur de l'encrier,
Sois belle et tais toi, lorsque
Tu prendras le large ou le vent
Tu prendras l'air ou bien les cieux
La terre comme la clé des champs...
Je vis en suspension
Comme un oiseau, comme un chantage
La nuit déchirée des lampions
L'adresse affublée d'un étage,
J'habite la contre façon
Dans l'ascension d'un quotidien
Grimpant au rythme d'autres noms
Sur les paliers de bruits voisins.
Je vis le corps entre deux chaises
Lorgnant les têtes qui s'adressent
entre le ciel, entre la glaise
verticales délicatesses,
Dans un espace, pris en étau
Dans la transpiration du monde
Des Pashmînâs des fleurs de peaux
Agrémentés de lumière blonde...
Je vis le corps en négation
Dans le malaise de hauteur
Pris dans la masse, pris dans le plomb
Dans le béton de designers
Superposé, super pesant
Gêné gênant comme indigeste
Je vis toujours en retenant
Quelque musique de mes gestes...
J'habite au sommet de la ville
Dans ses cheveux, pris en tenaille
Je dors où ça aime ou ça deale
Entre la cave et la marmaille
Et je regarde se répandre
Comme des statues, immobiles
Comme des soldats prêts à fendre
Ces corps de pierre, ces cœurs en piles...
Une chaise vide, sous le tilleul
Ombrage ton absence
Et son reflet teinte mon œil
De fer et d'arrogance.
Il pleut de mille têtes encore
Le parfum dérangé
Une vague idée de désordre
Déborde et vient rouler.
Une chaise vide, sous le tilleul
Hurle de poésie
Et ma douleur danse moins seule
Sa lente allégorie,
Il perce une lumière assise
Coiffée de ton silence
Parmi quelques reflets cerise
De beauté en violence.
Une chaise vide, sous le tilleul
Éclate dans ton dos
Et son reflet perle en mon œil
ses fruits engorgés d'eau.
Demain tu reviendras peut être
Quand tout sera rangé
Mais il restera dans ma tête
Ce que tu as manqué.
Madame boit, tout un flot de pendules
Dans l’œil d'un chat, oscillant incrédule,
L'ennui larmoie son cocktail ordinaire
Le vrac à l'âme se verse et s'indigère...
Amours à la mer, vertes et grenadine
Un peu plus d'iceberg et de gin,
Scandale de verre, pantoufles Jim Beam,
Un tapis s'empourpre et s'avine.
Madame voit, le banc flou des méduses
Dans le sang froid d'une eau chlorée d'excuses
Combien de doigts penchés sur l'olivette
Crise de foi, d'un portrait à deux têtes...
Humeur à la marre, mentholée violine
Un baiser de malt et de spleen.
La jupe cigare, se tache et chagrine
D'un raisin le marc s'endoctrine.
Madame ploie, s'enracine et bobine
Le fil en soie de son pull en cauchemars
La blague au doigt au reflet de citrine
D'un zeste noie l'anis et son rencard...
Amours à la mer, vertes et grenadines
un peu plus d'iceberg et de gin
Amer est le tour, sur son bateau ivre
serpentent le jour et la guivre....
Pourvu qu'il s'émeuve,
D’effluves et de fleuves
D'un instant saisi de véracité,
Pourvu qu'il ait l’œil
Au delà du seuil
De la propagande aux murs affichée,
Pourvu qu'il s'ennuie
Assez pour l'envie
De parler de lui d'un bout de papier,
Pourvu qu'il s'enfuit
Et prenne en pari
De croiser ainsi son rêve éveillé...
Pourvu qu'il s'émeuve
S'empresse sans preuves
De croire en la vie d'un coin de clarté,
Pourvu qu'il demeure
De sucre et de beurre
Pour fondre aux lueurs blondes de l'été,
Pourvu qu'il s'attache
Pourvu qu'il s'entache
D'un grain de folie, d'un grain de fierté
Pourvu qu'il s'adonne
tremble et s'émotionne
S'émulsionne en rire, tombe énamouré ...
Pourvu qu'il s'émeuve
Qu'il neige ou qu'il pleuve
D'un bruit retenu, tapant le pavé,
Pourvu qu'il entaille
Qu'il raye ou qu'il raille
Les jours trop sérieux, les miroirs figés,
Pourvu que sa peau
Transpire le cadeau
De perler de vie d'un regard trempé
Pourvu qu'il s'allume
Mon enfant sans plume
Quand l'écran s'éteint, quand son corps se tait.
C'est sous les feuilles
Que me revient
Au coin de l'oeil
Une fourmi,
L'insecte vain
Et moi vaincue
D'émotion crue
Sur le gravier.
C'est sous les feuilles
C'est dans leur lit
Sans qu'on le veuille
Sans oublier
Quand sous le pied
Craque le bruit
De ces non dits
Presque avortés.
C'est sous les feuilles
Que tu reviens
Quand un gamin
court sur le seuil
De ma mémoire
Et des nervures
Sur l'écorchure
Comme un lézard...
C'est sous les feuilles
C'est loin d'ici
Que tu souris
Et m'encercueilles,
C'est dans la gueule
Des interstices
Qu'elles creusent et jouissent
Les fourmis seules.
j'ai retrouvé « hier »
occis d'un jour nouveau
le long du caniveau
aux premières lumières.
Le matin s'est assis
radotant comme un vieux
Alzheimer a sévit
J'attendais pourtant mieux.
qu'il est triste le temps
dans son cri monochrome
errant comme un fantôme
En sinistre marchand
mais dans les choses à vendre
Rien qui ne prenne l'eau
De l'amour à revendre
Sans l'ombre de ta peau...
Parle-moi un peu de moi
Dis moi comment je vais
au chevet du comas
où se rouillent mes rêves
où se perdent mes pas
Aux abords de ce quai
l'attente qui vouvoie
mes poumons tout en grève...
Dans cette foule immense
aux regards anonymes
se fige tel un mime
un soleil sans substance
Les silhouettes défilent
j'expire des « bonjours »
monologues stériles
jetés au carrefour
Par où va le hasard
Si je ne vais à Rôme
c'est un peu vague en somme
ne suis-je pas en retard?
Le ptit vieux se balance
et ne me laisse voir
rien d'autre que l'absence
qui vient dîner ce soir...
Parle moi un peu de moi
Dis moi comment je vais
et découvrir ta voix
qui me sort de la taie
Et respirer enfin
à exploser d'ivresse
me saouler au parfum
de chacun de tes gestes..
Parle moi un peu de moi
Dis moi comment je vais....
Quel air t'amuse, koko pél lê
pour que ta flûte aime à se taire?
j'écoute le vent dénudé
entre les dents des conifères
Mais l'arrondi de mes cailloux
n'a pas vu l'ombre de ta bosse
Prière de faire tourner la roue
un grain de blé pour mon carrosse.
Dans mon miroir, koko pél lê
le tain se joue de tout mon temps
j'ai mis du noir pour te cerner
mordu mes lèvres jusqu'au sang
Mais rien n'agite, l'ombre et le doute
l'air décoiffé de tes saveurs
près de mes joues que tu mazoutes
d'un silence obscur et railleur
Où te caches-tu, Koko pél lê?
Ton corps courbé pour quel bonheur?
quand la rancœur vient me bouffer
quand tu t'amuses à me faire peur.
La lumière saigne contre ma peau
l'espoir se baigne, dans les tranchées
je voudrais juste, au clair de l'eau
pour mon berceau, un grain de blé.
Ne restons pas amis
comme une consolation
ce pauvre compromis
de lâcheté et raison
puisque tout toi s'endort déjà
dans l'habitude de mes mains
fermées sur elles sans le poids
des heures dont on se souvient.
Laisse moi libre des « hier »
ne m'étiquète pas la conscience
d'une amitié en après-guerre
traité de paix ou convenance....
Ne restons pas amis
pour dire qu'on s'est aimé
une virgule ici
n'a rien à nous donner
puisque l'on sait se faire mal
puisque l'on s'en voudrait encore
de nos amours aux funérailles
le bonheur mort contre nos corps
ne jouons pas à la veillée
des regards en sous-entendus
reste dehors mon ex- aimé
sans ombre trouble sur ma vue.
Ne restons pas amis
on sait trop bien nous deux
que ce qui mène au lit
mène aussi aux adieux
puisque jamais on ne rapporte
l'amour ouvert en après vente
cette saison qui nous exhorte
à la garder sous notre tente.
Gardons-nous libre d'avancer
puisqu'on ne revient en arrière
lorsque l'on s'est cambriolé
depuis le cœur jusqu'à la chair.
Je suis celui qui traîne
Sa pauvre tête et sa chaussure
J'ai des pensées qui me gangrènent
Et m'enracinent clair obscur
Au creux d'une terre, satellite
Entre la lune et vos orbites
J'ai dans un bonheur immobile
L'angoisse du noir sous mes cils
Je suis celui qui peine
Malgré ses bottes de sept lieux
Je tourne en rond dans mon arène
Tire mes lacets plein de nœuds
J'ai des cailloux comme des boulets
Des sacs de billes et de tracas
Je trébuche au premier couplet
De vos chansons qui marchent droit
Je suis celui qui boite
D'une béquille presque invisible
Un composite un handicap
La tête et le corps immiscibles
Je suis celui qui pense trop
Trop vite trop loin et trop tôt
Je suis celui qui marche ailleurs
Celui qu'on raille, celui qui pleure.
Triste , ton corps se couronne
au bord du Stein Leventhal
et la rondeur te capitonne
dans tes profondeurs abyssales.
Tu nourris, femme abondante
les ballons que rien n'enfante
et puis tu roules entre les quilles
lorsque tu pleus tes mille billes
Triste, ton corps papillonne
au bord du Stein Leventhal
de tout ton sang se désordonne
s'amuse à vouloir se faire mal
tu dilues, tous tes méandres
dans les tortueux cris de ton ventre
puisque tes creux n'ont rien à vendre
tu t'écarlates, passive et lente.
Triste, ton corps palissonne
au bord du Stein Leventhal
ta peau enraidie qui violonne
le beau discours médicinal
tu infuses, piques à l'aiguille
tu t'émulsionnes et puis fourmilles
tu transpires toutes tes craintes
et tout cet espoir qui t'éreinte...
au bord du Stein Leventhal
au bord du Stein Leventhal;
lisse est ton plafond, qui ne parle plus
aux formes arrondies de mes pauvres fourmis
ainsi aimaient s'étendre mes idées tordues
dans la blancheur battue de l'envers de ton lit
qui m'oublie....
ton miroir s'est vidé du reflet blond de cendres
ma chevelure froissée ne laisse plus de traces
au froid immaculé du lavabo à rendre
s'est figé le silence à l'ombre de la vasque
qui m'oublie
est ce que ta guitare pense encore à moi
dans la cacophonie des gens qui se dessinent
sur tes papiers froissées des humeurs clandestines
dans les parfums fondus de tous les autrefois?
L'escalier se défile à retenir le son
aigu comme la pointe de ton impatience
du métal le frappant de multiples poinçons
lorsque nos pas ensemble s'aimaient en confidences
qu'on oublie
évadée chaque lettre, tell'ment cru prononcée
en soupirs convaincus gisant encore par terre
le désordre a rangé en quelques courants d'air
le bruit de nos raisons et nos passions mangées
qu'on oublie
mais est ce que ta guitare pense encore à moi
dans les instants blessés de grande solitude
l'écart insoupçonné des petites minutes
un éclat de mémoire ancré entre tes doigts?
Est ce que ta guitare pense encore à moi
dans tes murs qui m'oublient et ton coeur qui m'oublie
dans un creux, dans un pli, peut être moins que ça
une veste oubliée dans les coins interdits
Bien trop de bruit dans mes couloirs à la peau claire
les balançoires sur mes idées me désespèrent
vides et fragiles, farces de vent et de lumière
corps immobile en proie au doute involontaire
je m'endurcis, je me referme et puis m'allonge
terre indécise au froid des vagues qui me rongent
recroquevillent, les bras de chacun des élans
et mes chevilles, trainent les pas blessés du temps
Personne n'y peut rien, même pas toi
tu bats des ailes, dans mon brouillard indélébile
Mais personne n'y peut rien, même pas toi
j'ai pas l'envie de tes saveurs au creux des cils...
Bien trop de suie dans mes poumons gris incendiaires
j'allume et crie, j'enfume et crache à l'inventaire
toutes les ombres, agenouillées pour leur visite
leurs yeux de pommes, bouffés par la faim du mérite.
Je m'obscurcis, ferme les yeux pour le silence
l'horizon frise, contorsionne l'intempérance
chacun des plis des paupières désabusées
qui contredisent, les spectres dans leur déjeuner
Personne n'y peut rien, même pas toi
tu bats des ailes, dans mon brouillard indélébile
Mais personne n'y peut rien, même pas toi
j'ai pas l'envie de tes saveurs au creux des cils...
Je suis un arbre mort d'hiver
dans l'agitation de ses bras
dans les noeuds serrés de ses nerfs
sous l'incessant bruit de son toit,
et toi comme un ciel enragé
rougi de battre d'amour cru,
tu couches sur ma peau damnée
la conviction des plus déçus...
Pourquoi tu crois à l'air du temps
Quand ça ne sent plus rien du tout,
quand le matin grince des dents
et se faufile à pas de loup?
Bien sûr tes mains sur mes paupières
Et ton corps comme un non retour
Mais la vie connait ses misères
Et ne se fie pas aux beaux jours....
Je suis un arbre mort d'hiver
le cuir glacé dans son ciment
le ventre rond comme à l'envers
quand plus rien ne bouge en dedans,
Et toi de cet air extasié
venant remplir mes poumons ivres
Je te respire l'air hébété
En ne trouvant plus rien à dire...
Sais-tu l'ombre de tes promesses
Sais-tu le fruit de ton printemps
quand ta gorge gonflée s'empresse
de m'oxygéner les élans
Bien sûr la tièdeur de ta bouche
Bien sûr le sucre des serments,
mais ma jeunesse fâne et se couche
la tienne se lève et prend son temps...
Je suis un arbre mort d'hiver
Je suis des branches à mes genoux
Tu vois il n'y a rien à faire
Mon bois se rappelle de tout,
Et toi le vert de l'espèrance
qui t'ensemence la confiance
Dans ces instants incandescants
Dans l'incendie de tes vingt ans....
Je suis un arbre mort d'hiver
Comment s'oublient les derniers jours?
Quand on a soufflé la poussière
Et vécu d'eau plus que d'amour,
Et toi comme un oiseau pressé
tu me renverses un coeur tranquille,
lumière et vent de liberté,
que fais tu là? A mes chevilles?
Je suis un arbre mort d'hiver
Bien moins beauté que cicatrices
Tu me souris, ça t'indiffère
Tes yeux se plantent et puis fleurissent.
Tu dessines sur l'horizon
un arbre vert et l'autre rond
tu dis qu'on peut mourir d'amour
Tu dis que t'es mort à ton tour....
C'est un joujou articulé
entre bonheur et comédie
La bouche en fleur et pied de nez
Te souriant en beaux habits
C'est te serrer dans le matin
Puis avoir mal d'être si deux
C'est pleurnicher d'être trop loin
A quelques mètres de tes yeux
L'amour triste....
c'est la vie légère un peu trop
qui semble s'égrainer trop vite
qui me soulève comme un fardeau
les jours où le sourire m'évite
C'est l'ombre lorsque tu me quittes
Dans laquelle pourtant je retrouve
ma liberté contre la vitre
mes sentiments que l'air éprouve
L'amour triste...
C'est la nuit qui prend le matin
les jours trop longs comme les discours
C'est me terrer dessous ta main
comme un caprice au souffle court
C'est accepter et tout comprendre
savoir le jeu auquel on joue
Se résigner, ne plus attendre
Cette autre chose mise au trou
L'amour triste...
Détourner ton visage
Sans te dire le sien
J'avalerai la page
Planquerai au plus loin
Même si bien en face
je garde au corps le titre
le parfum qui s'efface
Me lavera les vitres...
Embrasse moi maman,
j'ai sept ans aujourd'hui
je m'offre le silence
pour garder ton sourire
pas envie de troquer
un pardon en pitié
je n'ai même pas crié
Dans cette ambiguïté...
Tu m'habilles et je joue
la jolie poupée russe
j'ai l'art de plaire au loup
Tout en étant ta puce
j'ai le corps partagé
quand l'un supplie arrête!
Le second pas gêné
se vante sous ses couettes
Embrasse moi maman,
j'ai sept ans aujourd'hui
l'escalier se descend
quand revient le samedi
un parfum d'interdit
et celui de moteur
la honte et la folie
de trouver ca flatteur...
Détourner ton visage
Et cacher tout ce corps
qui m'effraie et m'encage
et m'otage à son bord
A quoi rêvent les filles
quand moi je voudrais tant
ne plus me demander
ce qui est différent
Embrasse moi maman
j'ai sept ans aujourd'hui
je ne sais pas vraiment
si c'est encore petit
il me dit que je suis
une bien jolie plante
Et ma bouche sourit
Sous ma poupée géante
Détourner ton visage
En le collant au mien
Protéger de l'orage
Tes grands yeux fiers et bruns
Fragile ce bonheur
Qu'il me semble si fin
Arrose moi le coeur
d'histoires qui finissent bien
Embrasse moi maman
J'ai sept ans aujourd'hui
je m'offre le silence
Pour garder ton sourire
Pas envie de troquer
un pardon en pitié
D'ailleurs il me l'a dit
C'est moi qui l'ai cherché...
Je ne saurais très bien décrire
ce que l'on retiendrait de moi
dans un prélude à convertir
en lieu commun, en heure de choix
je n'aurais pas la prétention
de ceux qui se donnent attributs
disparaissant dans la boisson
ou quand l'amour n'a plus qu'un cul.
Je ne sais que ce grand chemin
où j'ai remarqué chaque pierre
mais sans trouver dans l'examen
la paix de mes jours solitaires.
Entre mes mains toujours trop nues
même gantées de grands fous rires
des clins d'œil à perte de vue
que je n'ai voulu retenir...
je ne saurais très bien vous dire
faute de savoir dire mieux
ce qui me ferait obéir
à l'attraction d'un ou deux yeux
Je gouterais bien au bonheur
de ce quelqu'un contre le froid
de ces combats de l'intérieur
quand je passe du chien au chat
quand je n'ai plus le goût des autres
ni même plus celui de moi
quand la trajectoire est trop haute
et que je reste un peu en bas
je me pass'rais bien la musique
des corps jouant d'un seul violon
quand le plafond crève statique
si je croyais en sa chanson.
je ne saurais très bien décrire
ce que l'on obtiendrait de moi
sous le couperet du désir
vendrais-je encore mes deux bras?
À l'heure où mon ventre n'est plus
qu'une poche de cornemuse
pleine de flotte et leçons bues
trempant toujours dans leur excuse.
Je gouterais bien au sommeil
même agité de compter deux
quitte à craindre chaque réveil
que l'amour ne soit plus qu'un creux.
Enroulée dans la tendre odeur
des draps vidés d'un autre corps
si je trouvais cet endormeur
dans le fouillis de ce décor.
c'est pas ta faute à moi
si se cassent la gueule
les anges dans nos bras
un matin épagneul
crois tu encore entendre
les matines sourire
quand leur cri vient pourfendre
l'étreinte de la nuit?
j'aurais dit oui demain
de toute plénitude
rencognée à tes reins
par un jour qu'on élude
d'une pénombre muette
où tout semblait d'accord
si ne chantaient les spectres
d'anciennes mises à mort.
c'est pas ta faute à moi
c'est le vent qui suppose
que chancellent et se ploient
nos feux à la névrose
que reste-il alors
de nos coeurs trop brulés
quand le temps les efflore
puis les coupe aux pieds?
oh bien sûr qu'à ton corps
j'aurais pu congédier
au nom des passiflores
tous les printemps fanés
quand tes cils se constellent
me laissant dépouillée
de mes saisons de grêle
si je savais voler...
c'est pas ta faute à moi
peut être la prochaine...
une pauvre rengaine
ça peut nous tenir froid
y'a bien les hirondelles
on a qu'à dire ça,
y'a bien les hirondelles
revenant chaque fois.
seras tu là mon ptit bonheur
à chaque fois que la porte claque
les doigts coincés dans mon honneur
quand s'entrebâille la belle arnaque
en quelque part dedans le sac
quand j'en aurai touché le fond
et creusant même à reculons
seras tu là dans ce cloaque?
C'est toujours les deux pieds dans le plat,
que la vie me déçoit....
c'est jamais la dernière fois
jamais tranquille dans ce jeu d'oies...
seras tu la ma ritournelle
même assommée à coup de pelle
sous la marée de mon rimmel
séchée au premier courant d'air
en quelque part en bord de route
comme un chat écrasé « miaoute »
après le choc et coup de sang
te marrant de ce jeu d'enfant...?
c'est pas qu'elle est jamais sympa
mais la vie me déçoit
faut toujours qu'elle tire dans le tas
et puis que ça tombe sur moi.
Seras tu là mon ptit bonheur
ma joie de vivre et de revivre
chaque fois que tu te barres et meurs
que le temps mord et la peau givre.
En quelque part en fond de gorge
dans une dernière bouffée d'air
quand les yeux se ferment et dégorgent
quand c'est un jeu auquel on perd
c'est toujours d'un maudit coup bas
que la vie me déçoit
toujours dans l'dos, toujours d'un doigt
toujours quand je dis que ça va.....
c'est en dessous du réverbère
que la nuit s'achève à l'envers
sur mon plancher que se suicide
le réveil d'une claque acide...
et si je t'aime, tant pis
puisque déjà lundi s'alite
je suis déjà presque partie
les yeux ouverts, mise en orbite.
j'ai mal à l'heure, toi dans mon lit
je dois doucher mon paradis
silence en fer dans la cuisine
je rembobine, je rembobine...
et si je t'aime, tant pis
à chaque fois la fin du film
j'veux pas te faire la week victime!
Les amoureux sont tous punis.
Un bruit de froid, dehors gelé
alors que ton corps allongé
en chiffre rouge le feu vert
tourne au vinaigre et plombe l'air
et si je t'aime, tant pis
c'est pas au programme aujourd'hui
je ne sais plus qui me l'a dit
que travailler nous bonifie...
et si je t'aime, tant pis
bonjour amour et bonne nuit
c'est à ton tour cette fois ci
tu m'aimes aussi, tu m'aimes aussi...
Je voudrais mes ex comme toi
ça peut te sembler ironique
que j'aime un peu ce qui déçoit
dans la marge de mes critiques.
Ca n'a rien d'une convenance
pour ramasser ton pauvre corps
sur le grand amas des remords
qui me chagrine la conscience.
Je voudrais mes ex comme toi
je te le jure un petit peu
même si c'est à demi-voix
pour entendre la fin du jeu.
Y'a des grands hommes dans les petits
qui n'avancent pas assez vite
mon ex-amour, je te le dis:
c'est très plaisant comme on se quitte!
Je voudrais mes ex comme toi
les vieux, présents, et les prochains!
Loin de ces lapins de six mois
qui s'accrochent à mes escarpins.
J'aime la classe et le bon sens
de ce grand silence radio
ça te paraît peut être idiot
qu'alors c'est à toi que je pense.
Je voudrais mes ex comme toi
errant un peu dans ma mémoire
même si c'est vrai: t'es un cas!
Rien à voir avec un connard!
Alors souris un peu quand même
au fond, possible que je t'aime
ça peut te paraître ambiguë
que j'adore que l'on ne soit plus.
Il n'est pas de ceux là
le jour en valse lente
comme un clown à la noix
d'un spectacle en décante
ni ses grands yeux dépeints
trop blottis sur la flotte
quand le temps est crachin
et mes joues tristes et sottes...
Rien de mon pauvre coeur
comme un tambour crevé
sous les mailles en fleurs
sans aucune vallée
ne dira ton odeur
qu'il me reste parfois
sur un coin de bonheur
laissé aux autres fois....
ce n'est qu'une chanson
qui ne fait que passer
pleurent tous les violons
d'une saison manquée
presque par habitude
ça ne signifie pas
que mon rire s'élude
en soliste sans voix.
Je n'ai rien à te dire
comme j'ai toujours fait
rien qui me fasse écrire
les parfums de l'adret
au sable de ton corps
aux grâces des sommets
la paix de mille morts
dans un souffle défait
en poète maudit
et cassée mécanique
ce n'est qu'un cliquetis
d'une boite à musique
ne crois pas y entendre
mes regrets symphoniques
je n'ai plus rien à rendre
qui ne soit amnésique.
Elle mange ses rideaux
érode son balcon
fait grincer ses vieux os
en jouant du chiffon
elle use tous ces yeux
qu'elle vous pend aux chemises
elle jure autant qu'il pleut
de sa bouche cerise
Elle dit qu'elle entend rien
elle fait courir le bruit
que la voisine du chien
s'est faite piquer lundi
elle sait de source sûre
la bouche de son mari
Muet depuis la blessure
De sa grande autopsie
Elle saoule le facteur
Pour jouer au docteur
Échange ses symptômes
Contre un verdict fantôme
Si y’en a un qui sait
Qu’elle polira leurs tombes
C’est le veuf aux aguets
Au balcon qui surplombe…
Tendresse et bachata
quand se mêlent nos pas
nos idées imbriquées
semblant tanguer au vent
courbées d'un même instant
sous l'envie d'un baiser
nos corps redessinés
en un seul arc boutant.
Caresse et bachata
quand s'impliquent nos doigts
quand t'invites et je glisse
du sérieux au caprice
ivre de cette houle
quand nos cheveux s'enroulent
dans le chant magnifié
des parfums unifiés
amour et cetera
silence et bachata
dans le jeu continu
des contours ambigus
qui de toi, qui de moi
quand s'emmènent nos bras
quand s'emportent nos jambes
et se ferme la chambre.
Amour de loin
le coeur trop près
loupe l'arrêt
lache ta main
je te retiens
du bout des lèvres
ne disant rien
la nuit t'enlève...
good bye angel
reviens me voir
ta belle gueule
contre mon fard
quand la nuit glisse
comme ta peau
le temps furtif
et ça de trop...
c'est la balade de christopher
contre son corps mon armistice
au parfum de la dernière heure
je vis je meurs et ressuscite...
minuit revient
moitié obscur
je me figure
un peu putain
sur le trottoir
attendant l'heure
d'un tour dans l'noir
with Christopher
Amour de loin
toujours trop près
quand se rejoint
ce qu'on défait
good bye angel
reviens me voir
danser moins seule
dans mon placard.
C'est la balade de Christopher
c'est l'heure de gloire et de supplice
au bord du vide, au bout du coeur
je tombe en vie d'un court caprice...
C'est la balade de Christopher
C'est l'accalmie de mes trente ans
c'est d'être d'air et de sueur
...et maudire la fin des chansons...
Je n'aurais pas assez de temps
pour compter chacun des regrets
je n'aurais pas assez de cran
Pour l'avouer ça je le sais,
Sans doute le froid qui me prend
si mes mains tremblent en saluant
l'homme aux papiers qui me sourit
j'avais pourtant tellement dit oui...
Mais après vous madame,
Après le bruit de vos vingt ans
Que j'ai connu n'est ce pas un drame
en d'autres lieux bien plus aimant
si le bonheur est en cavale
est ce après vous qu'il court autant
quand vos chevilles me font mal
sur leur aiguilles, en manège lent.
C'est drole cette liberté
me rend le vide au creux des mains
je ne sais pas qui va serrer
celle tendue de mon chagrin
la solitude sait rappeler
même au beau milieu de tous ceux
tout ceux qu'on croit nous entourer
celui qui n'est pas au milieu
Mais après vous madame
Sans l'importance d'avancer
sans retenir encore vos larmes
derrière un mascara perlé
Comme vous les papiers s'envolent
j'avais pourtant tellement juré
marchant sur un tout autre sol
avant de marcher à côté...
Mais après vous madame
après l'image de votre dos
après la vie qui vous réclame
en d'autres bras bien moins idiots
mais après vous madame
mais après vous et puis plus rien
les larmes appartiennent aux femmes
Aux hommes l'éternel chagrin
C'est un fruit de saison qu'on aime respirer
sous un ciel de glaçons et de statues givrées
quand les amours se meurent d'un triste contretemps
un doigt reste pointé sur ton soleil couchant...
c'est un regard en coin, c'est une épaule lourde
d'une tête à chagrin quand la vie est trop gourde
quand tes yeux se répandent et mouillent tes genoux
tu la surprends ramer et trempée jusqu'au cou....
c'est un oiseau pressé qui s'envole au printemps
qui reviendra chanter son solo à deux voix
le sourire exténué d'un voyage et de gens
te racontant le monde en tortillant ses doigts.
Et tu vois l'horizon s'agrandir un peu plus
bercer ton cœur tranquille dans la valse aux années
tu la vois s'effacer en pouvant être sûre
qu'elle est toujours assise, sur la chaise à côté
on en a fait des livres et combien de chansons?
Sans en être tari en parlant du mystère
que sur tous nos défauts elle jette son pardon
nous offrant l'indulgence à nous en rendre fier....
tu peux fermer les yeux, tu peux compter sur moi
aussi vrai que demain le jour se lèvera
j'en ai pas plein les mains, ca vaut bien mieux des fois
l'amitié est un fruit, oui, mais un fruit de roi!
On aurait pu suivre l'errance
de ces non-dits imprononçables
dans les syllabes de la science
et tout ses ponts infranchissables
on aurait pu suivre le temps
et sa cadence impardonnable
contre nos tempes et corps pulsant
au rythme de nos grains de sables
ami, nous n'aurons pas le temps
de creuser nos pauvres merveilles
nous n'avons qu'un tour de cadran
avant que la vie nous réveille....
on aurait pu sourire plus fort
de se reconnaître l'un dans l'autre
se dire qu'on est pas encore morts
s'écrire en corrigeant nos fautes
on aurait pu s'aimer des yeux
fraterniser tous nos silences
avoir peur de devenir vieux
en s'accrochant à notre chance
ami, nous n'aurons pas le temps
de nous épancher davantage
nous n'avons pour nous qu'un instant
avant que la vie nous partage....
ami, nous n'aurons pas le temps
et je sais combien c'est dommage
la vie défait souvent les rangs
nous indexant en bas de marge.
Le rideau se balance
juste une dernière fois
les souvenirs en faïence
au fond d'un autrefois
T'écrase l'ordinaire
sur ton cœur de mégot
délivre prisonnière
ma tanière en morceaux.
Je sais que c'est idiot
mais ca fait quelque chose
même si c'est pas trop tôt
que l'armoire overdose
je sais bien que l'appart'
s'habillait en trente quatre!
Je sais qu'on a signé
Byzance et ateliers …
Le rideau se balance
et se jette à mes pieds
tombe de toute évidence
de haut à s'décrocher!
Aussi blême que moi
les souv'nirs décapés
me demande pas pourquoi
j'ai envie de pleurer
je sais que c'est idiot
mais ça fait quelque chose
j'ai pas trouvé les mots
dans ce que t'entreposes
je sais bien que l'appart
est une tomates -salade
qu'on a acheté des frites
et la sauce calorique...
le rideau en errance
glisse sur le sol
se débat dans la danse
pris dans sa camisole
et je m'entends crier
attends! Ne le jette pas!
J'en f'rai un tablier!
J'en f'rai un chiffon d'soie!!
je sais que c'est idiot
mais ca fait quelque chose
de fermer le tombeau
de lui jeter des roses
je sais bien que l'appart
verra d'autre aventures
qu'on effacera mes marques
qu'on repeindra les murs....
qu'on repeindra mes murs....
Après le rire reste l'éclat
comme une écharde à ruminer
le temps seul'ment l'enlèvera
en laissant partir l'accusé
sur cette route où nul n'est libre
où la faiblesse se paye comptant
roussit d'un fer jusqu'à la fibre
bien des corps nus et innocents
après le cri te vient le sang
de la colère qui se distille
sous ton armure de peintre blanc
lachant le seau sur la bastille
les rivières brunes des nuits troquées
et l'amour bleu sur le tapis
mais au pocker, à trop aimer
le roi te baise en quelques plis
après le gris te prend le vide
les yeux soudain pris de sommeil
la paupière lourde et impavide
te couvre d'un drap qui te veille
et tu t'engouffres à l'interieur
jusqu'à oublier que te parle
ce petit éclat torpilleur
qui t'a creusé dans le mental....
Après l'amour te prend la haine
t'ouvre la bouche pleine de crocs
sacrifie à vif dans l'arène
des cous tendus et placebos
sur cette route où nul n'est libre
où la faiblesse se paye comptant
roussit d'un fer jusqu'à la fibre
bien des corps nus et innocents...
ven.
10
oct.
2014
Je voudrais entendre
comme le sommeil meurt
le silence se fendre
et ta bouche en faveur
comme un battement d'ailes
s'agiter sous la danse
de consonnes et voyelles
d'un rire qui m'encense
parcourir ton souffle
depuis l'arc de ton cou
où serpente et prend source
tout l'éclat d'un bijou
reptile incandescent
dorures souveraines
prêt du coeur se jetant
sans m'en offrir la scène.
Je voudrais entendre
sur la chaise ta veste
le tissu se défendre
au hasard de tes gestes
le bruissement de l'air
dérangé sur ton corps
tes cheveux se défaire
au premier vent dehors;
je voudrais tout le son
pour ne plus inventer
celui de ta chanson
d'un accent habillé
un ptit air pour attendre
qui dirait comme ça
que je voudrais entendre
entendre ta voix.